La fonte des glaciers s’accélère, nous apprenaient quelques articles de presse la semaine dernière.
A-t-on pensé aux conséquences dramatiques pour ceux qui vivent au pied des glaciers ,voire, dont la vie dépend carrément des glaciers ?
Des millions de personnes dépendent en effet directement de l’eau des glaciers. Pour leur eau potable, pour l’agriculture, pour l’industrie.
Il est possible que des milliards de gens en dépendent indirectement, si on considère l’apport des glaciers aux différents cours d’eau d’un continent.
« Le monde n’a jamais été confronté à une menace sur l’agriculture aussi massive que celle que posent les glaciers qui fondent en Asie », a réagi dans le New Scientist l’économiste américain Lester Brown, président de l’Institut Earth Policy.
Le Gange, en Inde, de même que les fleuves Jaune et Yang-Tsé, en Chine, sont alimentés par les pluies pendant la saison de la mousson, mais par le ruissellement des glaciers de l’Himalaya pendant la saison sèche.
Et c’est bien sûr pendant la saison sèche que les plantations de riz, première source d’alimentation pour plus de 2 milliards de personnes, ont le plus besoin de cette eau...
Le dernier rapport du Programme des Nations pour l’environnement, à partir d’un suivi de 30 glaciers à travers le monde, concluait en tout cas la semaine dernière que la situation s’aggrave : la fonte moyenne des glaciers a presque triplé entre 2004 et 2006, passant de 50 centimètres à 140 centimètres par an.
Certes, le programme de suivi en question n’existe que depuis 1980. À l’échelle de l’histoire d’un glacier, c’est peu. N’empêche qu’à l’échelle humaine, c’est perceptible : depuis cette date, ces 30 glaciers ont perdu moyenne 11 mètres et demi d’épaisseur. Le record : le glacier norvégien du Breidalblikkbrea, qui a perdu un peu plus de 3 mètres pendant la seule année 2006... contre 30 centimètres en 2005.
Le New Scientist rappelle la déclaration alarmée d’un ministre pakistanais de l’Agriculture, qui disait que : 60% de ses compatriotes dépendent des champs irrigués par les eaux de l’Indus, fleuve lui aussi alimenté en partie par l’Himalaya
Et une étude de glaciologues chinois : les deux tiers des glaciers du plateau du Tibet pourraient appartenir au passé vers 2060.
Or, la Chine et l’Inde ne se sont pas privées, ces dernières décennies, de puiser abondamment dans leurs nappes phréatiques, une source d’eau qui ne pourra pas être remplacée. Si les glaciers continuent de disparaître à leur tour dans les rivières puis les océans, on pourrait assister à « des pénuries d’eau ingérables politiquement », prévient Lester Brown.
Brown est probablement l’économiste qui, avant tous les autres, a le plus souvent souligné qu’il faudrait un jour tenir compte de la dégradation de l’environnement dans notre évaluation des risques de futures crises politiques. Nous y voilà.
Asp.
Le Service mondial de suivi des glaciers : Le Earth Policy Institute
Le dernier livre de Lester Brown, Plan B 2.0: se mobiliser pour sauver la civilisation.
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