Après la guerre du feu, bientôt, la guerre de l’eau…
Les hydro dollars …
Le cinquième Forum mondial sur l'eau, qui durera une semaine, s'ouvre ce lundi à Istanbul. Ce forum rassemble le chiffre record de 30.000 participants venant du monde entier, dont 25 chefs d'Etat et quelque 180 ministres de gouvernement.
L’eau représente déjà un marché mondial de 400 milliards de dollars, pourtant actuellement l’eau privatisée ne représente que 10 % des infrastructures relatives à l’eau du monde pour la sécurité de l'eau, pour qu'ils veillent sur notre ressource la plus précieuse.
Avec la bénédiction des gouvernements, des pays, sont en train de suivre un vigoureux et dynamique programme pour privatiser les ressources en eau dans le monde. Les droits traditionnels et indigènes sont reconnus, puis rejetés.
La souveraineté nationale est affirmée, puis érodée. Le droit d'accès à l'eau - don du Ciel ou droit de l'homme -est reconnu, puis suspendu.
L'ancienne économie a été alimentée par le pétrole. La nouvelle économie le sera par les hydrodollars.
On est en train de mondialiser le commerce de l'eau et nous autres, le peuple, allons devenir les consommateurs sur ce marché estimé à plusieurs billions de dollars.
Cet article examine la pensée incroyablement réductrice, la cruauté sociale, l'ignorance arrogante et la mentalité aliénante d'un groupe de planificateurs d'élite et de sociétés transnationales qui mène la campagne visant à détourner l'eau en bien de consommation.
Les universitaires, les scientifiques, les hommes politiques et les experts en hydrologie s'accordent aujourd'hui à dire que le monde est confronté à une grave crise de l'eau. A l'aide de modèles mathématiques, ils ont pu prédire qu'en 2025 au moins 40 pour cent de la population mondiale, estimée à 7,2 milliards d'habitants, risque de se trouver confrontée à de graves problèmes en matière d'agriculture, d'industrie ou de santé si l'on ne compte que sur les dotations naturelles en eau douce.
De graves pénuries d'eau pourraient frapper certaines régions de pays pourtant riches en eau comme les États-Unis et la Chine.
Déjà, 26 pays comptent un nombre d'habitants supérieur à celui que peuvent alimenter leurs réserves en eau.
Au Moyen-Orient, des tensions montent autour de cette eau rare et pourraient s'enflammer dans les dix années à venir. La lutte pour l'eau s'intensifie entre les citadins et les agriculteurs autour de Beijing, New Delhi, Phoenix et autres zones qui manquent d'eau.
Tout porte à croire que le début du 21ème siècle constitue le moment critique pour l'eau dans certaines parties du monde. On a déjà évoqué une éventuelle pénurie d'eau, mais ce n'est que ces dernières années que l'on a parlé de crise un peu partout.
Les discussions internationales à propos des réserves d'eau dans le monde ont commencé en 1977 lorsque les Nations-Unies ont tenu la première Conférence Mondiale sur l'Eau à Mar del Plata, en Argentine. La Conférence a déclaré que les années 1980 seraient la Décennie de l'Hygiène Publique et de l'Approvisionnement en Eau Potable partout dans le monde pour les Nations-Unies.
L'objectif, fort altruiste, était de s'assurer que toutes les populations du monde aient accès à des réserves en eau suffisantes et à des conditions d'hygiène satisfaisantes dans un délai de dix ans. Dix ans plus tard, la Commission Brundtland a déclaré au monde entier que notre approche du développement n'était pas viable - mais elle n'avait pas grand-chose à dire sur l'eau.
Puis, en 1992, la Conférence de Rio sur l'Environnement et le Développement, dans son Programme pour le 21ème Siècle (connu sous le nom de Agenda 21), a abordé le thème de l'eau douce dans le chapitre 18 de son rapport.
En 1996, on a constitué le Conseil Mondial de l'Eau, un groupe de réflexion privé.
La prise de conscience d'une crise de l'eau imminente a été renforcée par les Forums Mondiaux sur l'Eau et les rencontres publiques triennales du Conseil Mondial de l'Eau. Un certain nombre d'accords et de principes issus de ces Forums sont devenus la base sur laquelle les entreprises effectuent le contrôle de l'eau.
Plus de 4 000 sommités venues du monde entier ont assisté au Forum Mondial sur l'Eau qui s'est tenu à la Haye en mars 2000. Ce Forum a rassemblé des scientifiques, des experts en hydrologie, des chefs de gouvernement et des chefs d'entreprise ainsi que des organisations pseudo-écolos. La Vision Mondiale sur l'Eau a été officiellement présentée au Forum par l'organisation de Mikhaël Gorbatchev, la Croix Verte Internationale.
Au terme de ce forum de 6 jours, 130 représentants de gouvernements ont publié La Déclaration Ministérielle de la Haye, document de quatre pages appelant toutes les organisations concernées à s'engager dans une gestion intégrée des ressources en eau pour s'assurer que chaque personne a accès à une quantité suffisante d'eau potable à un prix abordable.
Derrière le double langage, animé et confus, de cette Déclaration, se cachait le vrai programme :
Estimation de la valeur de l'eau …
pour gérer l'eau d'une façon qui reflète sa valeur d'un point de vue économique, social, écologique et culturel pour tous ses usages, et pour se diriger vers une tarification des services des eaux reflétant leur prix de revient. Le Forum de mars 2000 a été présenté au monde comme faisant partie d'un processus démocratique participatif pour la gestion de l'eau, alors qu'en fait ce processus a été élaboré par des élites et de puissantes multinationales sans prendre en compte les besoins fondamentaux de la population.
Les plus grosses sociétés transnationales du monde étaient bien représentées, et leurs PDG ont publié une déclaration commune spéciale de trois pages au cours du Forum. Nestlé et Unilever (respectivement, les première et troisième plus grosses sociétés alimentaires du monde) se sont unies à Heineken, ITT et les sociétés mondiales d'eau, DVH, Azurix, CH2M Hill et Suez Lyonnaise des Eaux pour déclarer :
“L'eau est un bien rentable et sa valeur économique devrait être reconnue dans la répartition des rares ressources d'eau pour des usages concurrents. Bien que ceci ne doive pas empêcher la population de faire face à ses besoins fondamentaux en eau à des prix abordables, le prix de l'eau doit être fixé à un niveau qui encourage sa préservation et un usage raisonnable.”
L'eau représente déjà un marché mondial de 400 milliards de dollars, pourtant l'eau privatisée ne représente jusqu'à maintenant que 10 pour cent des infrastructures relatives à l'eau dans le monde. La Commission Mondiale pour l'Eau affirme que seules des sociétés privées peuvent apporter l'énorme capital, estimé à 180 milliards de dollars par an, nécessaire pour régler les problèmes d'eau dans le monde.
Ceci implique de supprimer les subventions généralisées pour l'eau et de les remplacer par des prix qui offrent un retour sur investissement attractif.
Si nous poursuivons notre approche de l'eau selon le principe les affaires suivent leur cours, les limites des systèmes naturels et socio-économique seront atteintes d'ici 2025, prévient le Conseil Mondial de l'Eau dans sa Vision Mondiale.
Au mieux, nous connaîtrons des problèmes chroniques, et des catastrophes risquent de déclencher des crises régionales et même mondiales. La Vision ne s'étend pas sur ce que pourraient être au juste ces crises, disant simplement qu'elle peuvent être évitées en appliquant la tarification à prix coûtant de tous les services relatifs à l'eau.
Le chapitre quatre de la Vision Mondiale sur l'Eau jette un regard futuriste sur ce que sera le monde d'ici 2025. La vie, selon la Vision, sera très différente de celle d'aujourd'hui :
En 2010, les services publics et privés appliquaient de façon générale la facturation à prix coûtant étant donné que certains ménages à faibles revenus ne pouvaient pas régler leur facture d'eau, on a introduit des mesures pour subventionner ces ménages, de façon à ce qu'ils puissent se payer de l'eau pour faire face à leurs besoins fondamentaux.
Ces ménages ont aussi payé en nature le prix de ces services, à travers le travail qu'ils ont fourni pour leur installation et leur exploitation.
On ne dit pas exactement comment le travail de milliards de pauvres pouvait être utilisé en nature pour leur installation et leur exploitation. On peut juste supposer que la Vision voyait un retour à l'époque des suzerains féodaux, où les pauvres servaient d'esclaves en travaillant pour gagner leur pain quotidien - ou bien, dans ce cas précis, leur eau quotidienne.
Plus loin dans la Vision, les subventions pour l'eau accordées aux pauvres (et peut-être même les pauvres eux-mêmes) sont supprimées, de même que les subventions pour l'eau utilisée en agriculture :
En 2010, un nouveau cycle de négociations de l'Organisation Mondiale du Commerce a convenu d'ajouter les subventions pour l'eau à la liste des subventions inacceptables des contributions à l'agriculture. Comme cette politique a été mise en pratique dans les années qui ont suivi, le prix des aliments venant des pays exportateurs a augmenté légèrement, améliorant les revenus des agriculteurs dans les pays en voie de développement.
Les prix se sont finalement stabilisés autour de leur niveau initial, mais les citadins à faibles revenus ont souffert financièrement de l'augmentation du prix des aliments pendant tout le temps où elle s'est maintenue.
A propos de la tarification à prix coûtant de l'eau utilisée en agriculture, la Vision dit : “Comme première mesure, les gouvernements avaient commencé à décentraliser la responsabilité pour l'exploitation et la maintenance et à la confier à des coopératives ou des propriétaires privés - tendance qui s'est accélérée dans les premières années du nouveau siècle.
Étant donné que le gagne-pain des agriculteurs dépendait du bon fonctionnement de ces systèmes, ils en assuraient l'exploitation et la maintenance. Là encore, de nombreux agriculteurs et utilisateurs aux revenus particulièrement faibles ont payé ces services sous la forme de contributions en nature. Une technologie bon marché et appropriée, comme le pompage à l'aide d'une machine à pédale des nappes phréatiques peu profondes, fut largement adoptée pour les détenteurs de petits terrains.
Toutes les subventions pour l'exploitation et la maintenance ont été supprimées. Les subventions indirectes pour les frais d'exploitation, comme l'énergie, ont aussi été supprimées. Ceci a eu un grand impact sur la gestion de l'eau en Inde, qui durant la période 2005-15 a découragé le pompage excessif des nappes phréatiques en supprimant peu à peu les subventions pour l'énergie permettant de pomper l'eau des puits.
L'avantage premier de disposer d'une vision c'est que l'on dispose aussi d'un cadre d'action pour la mettre en pratique. Outre la nomination de la très en vue Commission Mondiale pour l'Eau, le Conseil Mondial de l'Eau a engendré une entité sœur, le Partenariat Mondial pour l'Eau, pour développer et piloter un Cadre d'Action.
Le document de ce cadre, comme tous les documents présentés par le Conseil Mondial de l'Eau et ses ramifications, utilise un langage éloquent et coloré pour tenter de rendre ses recommandations plus acceptables.
Des références au sexisme, à l'octroi de droits à la collectivité et à une réforme agraire aident à décrire ce qui s'avère en réalité n'être que des projets d'une ampleur considérable visant à étendre et à renforcer le pouvoir des entreprises sur les réserves d'eau dans le monde.
Le document renferme des mesures que les gouvernements devraient prendre pour mettre la vision en pratique. Il demande en particulier : la libéralisation totale et la déréglementation du secteur de l'eau (traitement national), grâce auxquelles les sociétés transnationales bénéficient du même traitement que les
entreprises locales et/ou les pouvoirs publics.
La transparence dans les marchés publics des contrats pour l'eau ; la facilitation du commerce, où les gouvernements devraient faciliter les services du secteur privé ; et la privatisation autant que faire se peut .
Parmi les autres recommandations, on compte : la suppression de toutes les subventions ayant des effets de distorsion sur les prix et le commerce ; le règlement des différents sur des questions relatives à l'eau ; la promotion des biotechnologies agricoles ; la protection des droits de propriété sur les ressources en eau ; et l'exigence d'un climat d'investissement stable et facile à prévoir, ce qui renforcerait les droits des investisseurs.
Source : Nexus N°16
L'eau est une ressource limitée et précieuse. L'eau douce ne représente que 2,5% de l'ensemble des ressources en eau de la planète. De plus, les deux tiers de cette infime quantité d'eau douce se présentent sous forme de glace dans les calottes polaires ou les glaciers.
Par conséquent, l'eau douce disponible représente moins de 0,5% des réserves en eau de la planète.
D'après le second rapport des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, près de 20% de la population mondiale, soit 1,1 milliard de personnes, n'ont pas accès à l'eau potable et 40% n'ont pas accès aux installations sanitaires de base, en raison de la répartition inéquitable, de la mauvaise gestion et de l'insuffisance des investissements dans les infrastructures.