Voici un article tiré de NEXUS N° 68 mai-juin 2010.
L’incroyable remote viewing…
A. Schwartz anime un séminaire de remote viewing avec quelques dizaines
d’étudiants à l’Atlantic University, en Virginie. Le deuxième jour, il leur soumet
l’exercice suivant : « Décrire la localisation de Saddam Hussein lorsqu’il sera découvert et capturé par les forces de la coalition ».
Les étudiants, qui n’ont été familiarisés avec le remote viewing que le jour précédent, doivent noter leurs impressions, faire éventuellement des dessins, etc. Les documents sont photocopiés et les originaux placés dans un coffre.
Ensuite, toutes les données sont analysées à l’aide des techniques utilisées par la police pour reconstituer un événement à partir de plusieurs témoignages. Elles consistent notamment à retenir les éléments récurrents dans les données, ce qui fait « consensus », ainsi que les éléments qui semblent peu probables.
La synthèse de l’analyse est formulée ainsi : « Saddam sera dans un souterrain ou une cave, que l’on atteint par un tunnel. Il sera derrière une maison ordinaire dans les abords d’un petit village à côté de Tikrit. La maison fera partie d’un petit complexe, bordé d’un côté par une route et de l’autre par une rivière proche. Il y aura de la végétation, notamment un grand palmier.
Hussein ressemblera à une personne sans abri, avec des vêtements sales et abîmés, et une barbe grise. Il aura seulement deux ou trois partisans avec lui au moment de sa découverte, ainsi qu’une arme et beaucoup d’argent. Il sera provocant, mais il ne résistera pas et sera découragé ».
Capture de Saddam Hussein…
Le 14 décembre, soit quinze jours plus tard, la presse internationale annonce l’arrestation de l’ancien dictateur irakien. Il se trouvait « dans un trou de souris de deux mètres de profondeur ».
La ferme est située dans la région d’Al-Daour, à 30 km au Sud de Tikrit. Il était en possession de 750 000 dollars et d’un pistolet. Il était accompagné de deux partisans armés de kalachnikovs. Une vidéo le montre hirsute, barbu, le
regard dans le vide et résigné…
Le général Sanchez, à la tête du commando qui l’a localisé, explique que Saddam a
été capturé « sur la base d’informations », sans préciser lesquelles. Une forte prime était en effet promise pour toute information permettant sa capture. Pourtant, la traque du dictateur a duré neuf mois, et s’est achevée seulement
quinze jours après la session de Stephan Schwartz avec les étudiants.
Plus troublant, Alexis Champion, fondateur d’IRIS Intuition Consulting, nous a
confié que Schwartz avait dans sa boîte email toutes les photos de la progression du commando lors de la capture de Saddam. Schwartz, qui a reçu les photos après l’opération militaire, ne sait pas si l’armée a utilisé les informations
obtenues lors des sessions menées avec les étudiants, mais il est intrigué par le peu de temps séparant celles-ci de la capture de Saddam…
Groupe Mobius…
En fait, que la session ait permis ou non l’arrestation n’est pas le plus important. La description et les dessins réalisés montrent surtout que l’analyse était pertinente et précise. L’un des dessins indique en effet le « trou de souris » ou Saddam était accroupi ainsi que le puits de ventilation qui lui permettait de respirer.
L’ironie de l’histoire est que Stephan Schwartz est l’homme qui a largement développé le remote viewing (RV) pour des applications civiles, parallèlement
aux militaires qui l’ont longtemps utilisé de leur côté pour le renseignement.
Schwartz a fondé le groupe Mobius dans les années 70 et lancé en 1976 le projet Deep Quest. Il s’agissait de démontrer que le RV ne reposait pas sur une transmission par ondes électromagnétiques. Pour cela, l’équipe de Schwartz a embarqué à bord d’un sousmarin qui a plongé suffisamment profondément pour
exclure toute possibilité de transmission électromagnétique.
Plusieurs sessions de RV ont été réalisées dans ces conditions. Le projet fut notamment l’occasion de tester l’une des variantes du RV, à savoir l’Associative Remote Viewing (ARV). Puisque les communications ordinaires étaient impossibles, un code avait été établi avec les collaborateurs restés à terre.
L’ordre de remonter en surface était associé à l’image d’un arbre et celui de rester en profondeur à celle d’un centre commercial. Les membres de l’équipe terrestre se rendirent au pied d’un arbre et les « viewers » du sous-marin reçurent correctement le message indiquant qu’il fallait remonter en surface.
Archéologie intuitive…
Mais Schwartz est surtout célèbre pour avoir utilisé le RV dans le domaine des recherches archéologiques. On appelle cette discipline l’archéologie intuitive.
Pendant plus de trente ans, Schwartz et ses équipes ont utilisé le RV pour localiser des sites archéologiques sur terre comme sous la mer. Épaves, monuments ensevelis, palais, sites disparus depuis des siècles, et même l’une des sept merveilles du monde (le phare d’Alexandrie) ont été retrouvés de cette
manière, là où d’autres techniques avaient échoué.
Le projet Alexandrie a ainsi constitué le plus grand projet d’archéologie intuitive et a permis de localiser dès 1979 le palais de Cléopâtre, bien avant qu’une équipe financée par le Français Franck Goddio ne le mette effectivement au jour en 1996. Pour ceux qui doutent encore de l’efficacité du RV dans de telles recherches, signalons que le groupe Mobius a généré 17 millions de dollars de chiffre d’affaires au cours de son activité.
Remote viewing militaire…
L’histoire du RV militaire remonte à la fin des années 60 alors qu’étaient menées des expériences sur les « sorties hors du corps » à New York au sein de l’American Society for Psychical Research. L’un des sujets était Ingo Swann, jeune artiste venu du Colorado.
Fatigué des protocoles de recherche, Swann suggéra plusieurs modifications qui permirent d’améliorer les résultats obtenus. Ces travaux retinrent l’attention d’un physicien qui travaillait alors dans un laboratoire hébergé par l’université de Stanford, en Californie, Harold Puthoff.
Swann et Puthoff furent alors amenés à collaborer pour réaliser une expérience
qui à son tour attira l’attention… de la CIA.
Celle-ci avait en effet eu vent de recherches conduites dans ce domaine par les
Russes. Il était donc hors de question de les laisser prendre de l’avance et elle a alors financé un programme de recherche qui a duré vingt-trois ans, avant d’être clos officiellement pour « absence de résultats utiles ».
Une formule qui ne manque pas d’amuser les connaisseurs du dossier, car si aucun résultat utile n’avait été obtenu, nul doute que la CIA n’aurait pas poursuivi le programme aussi longtemps.
Connu sous le nom de « Star Gate », le programme a été partiellement
déclassifié à partir de 1995.
C’est à Puthoff et son collègue Russel Targ que l’on doit le terme de Remote Viewing, qui fut choisi pour éviter la connotation « paranormale » de la clairvoyance, comme l’explique Charles Tart, un autre chercheur en parapsychologie, dans son livre The End of materialism.
Espions psychiques…
En 1972 donc, des agents de la CIA se rendent dans le laboratoire de Targ et Puthoff, en présence d’Ingo Swann. Ils lui présentent des boîtes closes et lui demandent d’en identifier le contenu, ce qu’il fait deux fois de suite. À la troisième boîte, Swann décrit quelque chose qui ressemble à une feuille d’arbre de couleur marron, mais il lui semble que cela bouge, que c’est vivant.
En effet, la boîte contient un grand papillon de nuit brun ! Les agents sont impressionnés et décident de financer un premier programme de recherche
pour une durée de huit mois.
De la CIA, les recherches passèrent à la DIA (Defense Intelligence Agency). En 1978, l’armée créa sa propre unité et forma ses agents au RV. L’un d’eux, Joseph McMoneagle, allait devenir le plus célèbre « espion psychique » de cette période.
C’est dans ce cadre que les protocoles changèrent de nature. Par exemple, on
indiquait au « viewer » des coordonnées géographiques, longitude et latitude, et celui-ci devait indiquer ce qui s’y trouvait. Lors d’un tel exercice, McMoneagle décrit avec moult précisions un site de lancement de missiles russes !
Celui-ci était si performant qu’il participa également à des recherches dans un cadre civil, notamment au Cognitive Science laboratory, qui étaient destinées
à comprendre le phénomène.
Lors d’une session, il devait décrire ce que voyait une personne qui s’était rendue
dans un lieu se trouvant dans un rayon de plus de 150 km autour du laboratoire. Mais l’expérience était menée en aveugle, de sorte que l’on ne découvrait que
plusieurs heures après l’endroit où s’était rendu l’émissaire. McMoneagle fit un dessin représentant des collines sur lesquelles étaient plantés des poteaux, dont il figurait le sommet entouré d’un cercle, précisant qu’il s’agissait de fournir de l’électricité.
À l’arrivée, la photo prise par l’émissaire montrait un champ d’éoliennes…
Ressentir l’émotion associée…
Le RV ne consiste pas seulement à voir, mais aussi à ressentir. Ainsi, la composante émotionnelle joue un rôle important. Ceci est illustré par une session réalisée au sein du Cabinet IRIS Intuition Consulting, fondé par Alexis
Champion.
La cible est une photo. Le viewer parle d’abord d’une « sensation de hauteur », d’une vision « en contre-plongée ». Il parle d’une « structure », de quelque chose de minéral, de la pierre, « assez sec » ; puis il mentionne l’impression de voir « un mat avec un drapeau qui flotte » ou une sorte d’antenne. Il répète la sensation de hauteur, puis évoque la notion « d’équilibre instable ».
Guidé par le moniteur qui lui demande de se placer mentalement « en hauteur », comme à vol d’oiseau, il parle d’un paysage accidenté, avec un trou, et d’une « zone où il y a comme un effondrement », un vallon, une vallée. Puis il ajoute : « Il y a de l’eau peut-être qui part dans cette zone ». Il dit ensuite : « Je vois un danger, un danger avec l’élément aquatique, avec l’élément eau, comme s’il y avait un risque d’inondation, un risque d’eau qui monte ».
« On dirait que l’eau pourrait submerger cet endroit- là », ajoute-t-il, parlant d’une « zone inondable ». Puis il parle d’une ville « sous l’eau », « plutôt de l’eau douce ». Bien d’autres éléments saillants peuvent être extraits de sa description,
mais on est frappé lorsque l’on voit la cible.
Il s’agit d’une photo du barrage de Vajont, en Italie. Entre deux pans de montagne, le barrage bloque un lac en amont. Au premier plan, se trouve
une maison avec un grand lampadaire. Le 9 octobre 1963, un glissement de terrain a fait s’écrouler 260 millions de mètres cube de terre et de roches dans l’eau du lac.
Une vague gigantesque a submergé le barrage et une énorme masse d’eau a déferlé sur la vallée en contrebas. Le barrage n’a pas bougé, mais près
de 2 000 personnes ont péri dans les villages situés dans cette vallée.
On constate donc que non seulement le viewer décrit correctement la cible, mais également ce qui lui est associé au plan émotionnel. C’est un point qui n’est pas sans évoquer les travaux du Global Consciousness Project, dans lequel un réseau de générateurs de nombres aléatoires semble « réagir » (et même « à l’avance ») à des événements planétaires comme le 11-Septembre 2001 ou le tsunami de
décembre 2004.
Un de mes dernier sujet justement, voir ici :
Consulter en Live, l’état de la conscience collective humaine… !
Programme « Time-Machine »…
Grâce aux techniques qui permettent de guider le viewer et d’exploiter au mieux les informations perçues autant que ressenties, le RV dépasse le simple cadre de la clairvoyance, et permet d’obtenir des résultats bien supérieurs à ce que la perception extrasensorielle a donné en laboratoire.
C’est pourquoi Alexis Champion a créé un cabinet de conseil en se basant sur ces techniques, comme il nous l’explique. Les Français ne sont donc pas absents de ce domaine. Pour preuve, Alexis est le premier orateur non-anglophone à être invité
au congrès de l’Association internationale de remote viewing (IRVA, cofondée par Stephan Schwartz), qui se tennait à Las Vegas.
Son intervention portera sur l’archéologie intuitive et un programme baptisé « Time-Machine » dont une partie s’effectue en collaboration avec un chercheur du musée de l’Homme à Paris. Une preuve supplémentaire que le RV sort du
ghetto de la parapsychologie.
Clairvoyance et affaire Viguier…
Le professeur de droit toulousain Jacques Viguier vient d’être acquitté une
seconde fois de l’assassinat de son épouse. Un jeune chercheur indépendant
a consulté des voyantes sur cette affaire, dans le but de tester une méthodologie de travail autour de cette capacité.
Ce travail est mené en partenariat avec le GEEPP de Toulouse*. Bien avant le second procès d’assises, le compte rendu a fait ressortir que ni l’époux, ni l’amant n’étaient l’auteur du meurtre.
Il s’agirait d’une troisième personne, secrètement amoureuse de Suzy Viguier,
et éconduite lorsque celle-ci lui aurait fait part de son intention de quitter son mari pour son amant. Cette troisième personne, qui appartiendrait à l’entourage professionnel de Mme Viguier, aurait donc agi par dépit amoureux.
Étonnamment, dans le dernier article consacré à l’affaire par le journal local La Dépêche du Midi, il est fait mention d’un « inconnu qui laissait des roses sur le pare-brise de Suzy »…
L’enquête sera-t-elle relancée ?
*GEEPP : Groupe d’étude et d’éducation sur les phénomènes paranormaux.
Différents types de RV…
Le remote viewing peut servir à décrire des personnes, des lieux, objets ou concepts, mais aussi à orienter une action, prendre des décisions, reconstituer des événements, etc.
On distingue plusieurs techniques dont certaines sont facilement accessibles aux débutants.
Le Natural Remote Viewing (NRV) se rapproche de la voyance classique. Le moniteur guide très peu le « viewer » qui n’a aucune information sur la cible et peut donc partir « sur plusieurs pistes ».
Le Controled Remote Viewing (CRV) est au contraire fortement cadré et permet
de distinguer ses perceptions de ses constructions intellectuelles. Il enseigne à élargir le spectre de ses perceptions.
Une autre méthode est la radiesthésie technique (RT), qui consiste à répondre à des questions fermées, aidé d’un pendule ou autre outil. On l’utilise notamment pour la recherche sur carte.
Le remote viewing, ou vision à distance, a été utilisé depuis les années 70 par des militaires, des espions et des archéologues. Aujourd’hui, on l’utilise aussi pour le conseil en stratégie d’entreprise !
Une incroyable saga pour un ensemble de techniques qui dépassent le cadre de la perception extrasensorielle.
À propos de l’auteur : Jocelin Morisson est journaliste scientifique indépendant et auteur. Il s’intéresse depuis une dizaine d’années aux thèmes de recherche
alternatifs. Contact : morisson@club-internet.fr
Source : NEXUS N° 68 mai-juin 2010.