ONU:« l’humanité est en danger »
Le programme des Nations Unies pour l’Environnement vient de publier le rapport Geo-4, ou l’agence considère que :
« les menaces les plus graves pour la planète, notamment le changement climatique, le taux d’extinction des espèces et le défi consistant à alimenter une population croissante figurent parmi les nombreux problèmes qui n’ont pas été résolus et qui mettent l’humanité en danger.»
GEO-4, le dernier d’une série de rapports du PNUE, évalue l’état actuel de l’atmosphère, de la terre, de l’eau et de la biodiversité, décrit les changements intervenus depuis 1987 et identifie les actions prioritaires.
C’est le rapport de l’ONU le plus complet sur l’environnement, préparé par environ 390 experts et révisé par plus de 1 000 autres partout dans le monde.
Achim Steiner, Secrétaire général adjoint et directeur exécutif du PNUE estime que :
« La réponse de la communauté internationale a été dans certains cas courageuse et inspirée. Mais elle a trop souvent été lente, à une vitesse et à une échelle qui ne répondent pas ou ne reconnaissent pas l’ampleur des défis posés à la population et à l’environnement de la planète.»
Progrès…
Au cours des 20 dernières années, la communauté internationale a réduit de 95% la production de produits chimiques qui abîment la couche d’ozone, elle a créé un traité de réduction des gaz à effet de serre ainsi qu’un commerce du carbone innovant et des marchés de compensation carbone, favorisé une hausse des zones terrestres protégées qui couvrent environ 12% de la Terre et créé de nombreux instruments importants qui couvrent des questions allant de la biodiversité et la désertification au commerce des déchets dangereux et à la modification des organismes vivants, » ajoute-t-il.
et inquiétudes…
Mais comme le souligne GEO-4, des problèmes "persistants" et chroniques restent sans solution. Des problèmes anciens demeurent et de nouveaux problèmes apparaissent, depuis la hausse rapide de "zones mortes" dans les océans jusqu’à la résurgence de maladies anciennes et nouvelles liées en partie à la dégradation de l’environnement.
Changement climatique
La menace est selon le rapport désormais si urgente que des réductions importantes des gaz à effet de serre sont nécessaires d’ici le milieu du siècle. Des négociations doivent commencer en décembre pour établir un traité qui remplacera le Protocole de Kyoto, l’accord international sur le climat qui oblige les pays à contrôler les émissions anthropogènes de gaz à effet de serre.
Bien que les pays en voie de développement soient exemptés d’engagements en matière de réduction de émissions, une pression croissante pèse sur certains pays à l’industrialisation rapide, désormais des émetteurs importants, pour qu’ils acceptent des réductions des émissions.
Crises connexes
GEO-4 reprend la déclaration de la Commission Brundtland selon laquelle le monde n’affronte pas des crises séparées... la "crise environnementale", la "crise du développement", et la "crise de l’énergie" ne font qu’une.
Cette crise n’inclut pas uniquement le changement climatique, les taux d’extinction et la faim, mais d’autres problèmes liés à la croissance de la population, à la hausse de la consommation des riches et au désespoir des pauvres.
Eau
L’irrigation consomme déjà environ 70% de l’eau disponible, pourtant atteindre l’objectif du Millénium pour le développement concernant la faim impliquera de doubler la production alimentaire d’ici 2050.
L’eau douce diminue : d’ici 2025, l’utilisation d’eau devrait selon les prévisions augmenter de 50% dans les pays en voie de développement et de 18% d’ici le monde développé. Selon GEO-4, "Le fardeau croissant de la demande d’eau deviendra intolérable dans les pays qui connaîtront une pénurie d’eau."
La qualité de l’eau décline aussi, car elle est polluée par des pathogènes microbiens et des nutriments excessifs. La contamination de l’eau reste la cause la plus importante de maladie et de décès à l’échelle mondiale. Le poisson : La consommation a plus que triplé entre 1961 et 2001.
Les prises ont stagné ou légèrement décliné depuis les années 1980. Les subventions ont créé des capacités de pêche excessives, selon les estimations supérieures de 250% à la capacité nécessaire pour capturer la production durable des océans.
Biodiversité
Les changements de la biodiversité actuelle sont les plus rapides dans l’histoire de l’humanité.
L’extinction des espèces se produit à une vitesse 100 fois supérieure à celle indiquée par les fossiles.
Le commerce de la viande de brousse dans le bassin du Congo est estimé comme étant six fois supérieur au taux durable. Parmi les groupes vertébrés qui ontcomplètement évalués, plus de 30% des amphibiens, 23% des mammifères, et 12% des oiseaux sont menacés.
L’introduction d’espèces étrangères ou exotiques est un problème croissant.
Un invertébré marin, introduit par accident en 1982 par des bateaux provenant de la côte Atlantique des Etats-Unis, contrôle l’écosystème marin de la Mer Noire et avait détruit 26 sociétés de pêche commerciale en 1992.
Une sixième extinction majeure est en cours, cette fois-ci causée par le comportement humain.
Futurs
GEO-4 reconnaît que la technologie peut contribuer à réduire la vulnérabilité des gens aux problèmes environnementaux, mais ajoute qu’il est parfois nécessaire de "corriger le paradigme de développement centré sur la technologie". Le rapport étudie comment les tendances actuelles peuvent évoluer d’ici 2050 selon quatre scénarios.Selon GEO-4, le futur sera largement déterminé par les décisions que les individus et la société prennent actuellement :
"Notre futur commun dépend de nos actions aujourd’hui, pas demain ou à un moment du futur."
Pour certains des problèmes persistants, les dégâts peuvent déjà être irréversibles.
GEO-4 avertit que s’attaquer aux causes sous-jacentes des pressions environnementales affecte souvent les intérêts de groupes puissants capables d’influencer les décisions politiques. La seule façon de traiter ces problèmes plus difficiles exige de déplacer l’environnement depuis la périphérie vers le centre du processus de prise de décision : l’environnement pour le développement, et non un développement obtenu au détriment de l’environnement.
"Il y a eu assez d’avertissements depuis Brundtland. J’espère sincèrement que GEO-4 est le dernier. La destruction systématique des ressources naturelles a atteint un niveau auquel la viabilité économique des économies est en danger, et auquel la facture que nous passons à nos enfants peut se révéler impossible à payer", a déclaré M. Steiner.
Source :http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1372